Bientôt un bagage cabine gratuit pour tous les vols en Europe ?

Vers la fin des frais cachés sur les bagages à main ?

Vous en avez assez de ces frais surprises qui s’ajoutent au moment de boucler votre réservation ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas les seul·e·s. Depuis des années, de nombreuses compagnies aériennes — surtout les low cost — facturent en supplément le moindre bagage à main, rendant la comparaison des billets aussi limpide qu’un brouillard londonien. Mais le Parlement européen semble prêt à mettre fin à cette pagaille tarifaire.

Mardi 24 juin, la commission des Transports (TRAN) du Parlement européen a voté, à une large majorité, une série d’amendements visant à garantir la gratuité du bagage cabine pour tous les passagers. Ce n’est pas une blague : si la mesure est adoptée définitivement, tous les vols au départ ou à destination de l’UE devront permettre d’emporter gratuitement en cabine un petit sac personnel et une valise jusqu’à 7 kg (dimensions standards : environ 55 x 40 x 20 cm). De quoi voyager (presque) léger, mais sans frais cachés.

Pourquoi ce changement maintenant ? Le ras-le-bol des voyageurs et la jurisprudence européenne

Cette initiative ne sort pas de nulle part. Depuis des années, les consommateurs dénoncent des pratiques tarifaires jugées opaques, voire abusives de la part de certaines compagnies. Entre les politiques bagages à géométrie variable et les suppléments qui transforment un billet « pas cher » en petite arnaque, les plaintes se sont multipliées.

Le coup de grâce ? Un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne a statué que les bagages à main de taille raisonnable ne pouvaient pas faire l’objet de frais supplémentaires. De quoi donner du grain à moudre aux défenseurs des droits des passagers et pousser les institutions à agir.

Le BEUC (Bureau européen des unions de consommateurs) s’est d’ailleurs félicité de cette avancée, soulignant que la gratuité du bagage cabine est une attente fondamentale des voyageurs. En mai, l’organisation avait même déposé une plainte contre plusieurs compagnies très connues pour leurs pratiques : EasyJet, Norwegian Airlines, Ryanair, Volotea, Vueling, Transavia et Wizz Air (oui, il y en a pour tous les goûts).

Quelles compagnies sont concernées ? Une réforme qui vise toute l’Europe

Si vous pensiez que seules les compagnies low cost étaient visées, détrompez-vous ! Toutes les compagnies opérant des vols au départ ou à destination de l’Union européenne sont concernées. Cela inclut aussi bien Ryanair, easyJet, Wizz Air, que les grandes compagnies comme Air France-KLM ou Lufthansa.

L’amendement prévoit que chaque passager pourra emporter :

• Un sac personnel (type sac à main ou sacoche d’ordinateur) ;
• Une valise cabine de dimensions standards (environ 55 x 40 x 20 cm), pesant jusqu’à 7 kg.

Impossible pour les compagnies de facturer ces deux éléments ou de réserver ce privilège aux billets premium. Fini les mauvaises surprises à la porte d’embarquement !

Les compagnies aériennes montent (déjà) au créneau

Sans surprise, cette réforme suscite une levée de boucliers du côté des transporteurs. L’association professionnelle Airlines for Europe, qui regroupe des poids lourds du secteur comme Ryanair, Lufthansa, easyJet et Air France-KLM, dénonce une atteinte à la liberté de choix des voyageurs… et à leur modèle économique.

Selon eux, cette obligation entraînerait une hausse généralisée des prix des billets. Leur argument ? Si tout le monde peut embarquer gratuitement un bagage cabine, ils devront répercuter ce coût sur l’ensemble des passagers, même ceux qui partent vraiment sans rien d’autre qu’une brosse à dents (on en connaît !).

Le groupe de pression accuse aussi les eurodéputés d’introduire « par la petite porte » des amendements qui « priveraient les passagers de leur liberté de choix et de leur capacité à décider des services pour lesquels ils souhaitent ou non payer ».

Mais d’après Matteo Ricci, eurodéputé social-démocrate et co-initiateur du texte, l’objectif n’est pas de compliquer la vie des compagnies, mais bien de protéger les consommateurs contre des coûts supplémentaires injustifiés.

Ce que ça change concrètement pour vous

À quoi ressembleront vos futurs voyages si cette mesure entre en vigueur ? Voici ce qui devrait changer :

• Plus de transparence : Le prix annoncé lors de votre réservation engloberait tous les frais liés au bagage cabine, fini les calculs savants et les mauvaises surprises au moment de payer.
• Des conditions de voyage plus équitables : Plus besoin de prendre un billet « premium » juste pour garder votre valise près de vous !
• Une harmonisation des règles : Terminé, la loterie des politiques bagages qui changeaient d’une compagnie à l’autre ou selon la destination.
• Comparaison facilitée : Vous pourrez enfin comparer les prix des billets sur un pied d’égalité, sans devoir déchiffrer le menu caché des options bagages.

Pour les adeptes des courts séjours ou des voyages d’affaires express, c’est une petite révolution (mais pas de panique, on ne vous oblige pas à partir sans valise !).

Et au-delà du bagage cabine : d’autres nouveautés pour les droits des passagers

Les eurodéputés ne se sont pas arrêtés à la question des bagages. D’autres mesures sont prévues pour renforcer la protection des consommateurs et encadrer les pratiques du secteur :

• Formulaire commun pour les demandes d’indemnisation et de remboursement, histoire de simplifier les démarches en cas de soucis de vol (retard, annulation, etc.).
• Liste des circonstances exceptionnelles : Les compagnies pourront refuser la compensation uniquement en cas de force majeure, comme des catastrophes naturelles ou des conflits armés.
• Transparence totale sur les prix : Les vendeurs de billets devront afficher clairement le coût total du vol, tous frais compris (intermédiation, service, annulation…) dès la réservation.
• Protection accrue sur les voyages multimodaux : Les passagers combinant avion, train, bus ou bateau bénéficieront de nouveaux droits et garanties.

Les compagnies saluent d’ailleurs certaines de ces mesures, en particulier celles qui visent à responsabiliser les intermédiaires de vente de billets, souvent accusés de « parasitisme en ligne ».

Quelle suite pour cette réforme ?

La commission des Transports du Parlement européen a décidé d’ouvrir des négociations avec les gouvernements nationaux pour finaliser ces amendements. Théoriquement, le Parlement pourrait encore demander un vote en plénière en juillet, mais vu le soutien massif (38 voix pour, 2 contre, 2 abstentions), cela semble peu probable.

Si vous aviez prévu de partir cet été, pas de panique : rien ne changera du jour au lendemain. Mais il est fort probable que, dans un avenir proche, faire sa valise pour un vol en Europe rime enfin avec simplicité et clarté tarifaire.